VDB n°47 - La vie d'une équipe MCC

VDB : Claude, vous êtes accompagnateur spirituel d’une équipe MCC (Mouvement Chrétien des Cadres). Pour quelles raisons rejoint-on une équipe MCC ? Que viennent chercher des cadres d'entreprise au MCC ?

Claude : Il est de plus en plus difficile de vivre les valeurs chrétiennes de partage, de solidarité, d’accueil de l’autre dans l’entreprise, surtout quand on a des personnels sous sa responsabilité. Le monde de l’entreprise est un monde dominé par la performance, l’efficacité, la rentabilité. Avec la mondialisation et l’ouverture des marchés, la concurrence devient très dure, et le personnel des entreprises, les cadres en particulier, vivent souvent mal cette pression accrue et ce culte du « résultat ». Par ailleurs, la tension sur le marché du travail ne facilite pas les choses et fait qu’on a souvent tendance à se résigner.

VDB : N’est-ce pas normal que l’entreprise cherche à être performante et à accroître ses bénéfices ?

Claude : Oui, mais cela se fait souvent au détriment des relations humaines dans l’entreprise, comme on l’a vu récemment chez Renault ou France Télécom et comme on vient de le voir chez Air France.

VDB : Et qu’apporte aux cadres le MCC ?

Claude : Ils peuvent d’abord partager leur expérience, se rendre compte qu’ils ne sont pas seuls dans leur cas. Le partage en équipe permet de prendre du recul, de ne pas « surréagir » ou au contraire se résigner. La méthode du « Chemin d’Emmaüs » donne à un membre de l’équipe qui a un problème particulier la possibilité de l’exposer et de recueillir l’avis des autres. Le fait d’avoir à l’exposer aux autres est déjà un bon moyen de prendre du recul. Et mon rôle consiste alors à resituer le problème dans une perspective chrétienne.

VDB : Je suppose que ce n’est pas toujours facile ?

Claude : Vivre sa foi dans le monde n’est jamais facile ! Le Christ nous a prévenus : «Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes.» (Matt. 10-16). Mais il ne faut pas croire que le chrétien en entreprise est isolé : même si on ne parle pas beaucoup des questions religieuses, on se rend compte que nombre de collègues partagent notre préoccupation de mettre de l’humain dans les relations, de refuser le « toujours plus » et de donner du sens à notre travail. C’est là que le chrétien a un rôle moteur, voire fédérateur à jouer.

VDB : Y a-t-il une typologie particulière de cadres au MCC ?

Claude : Non. Il y a des hommes et des femmes – de plus en plus de femmes, d’ailleurs, car ce sont elles qui vivent cette tension le plus mal, et qui sont encore souvent victimes de discrimination. Il y a des jeunes et des anciens. Les jeunes ont tendance à se regrouper dans des équipes de « JP » (Jeunes Professionnels) parce que leurs problèmes sont particuliers : ils découvrent le monde de l’entreprise, qu’ils connaissent souvent mal, et l’expérience des anciens leur est très utile, même si l’entreprise d’aujourd’hui n’est plus celle de 1980.

VDB : Pouvez-vous nous donner quelques exemples des thèmes de discussion ?

Claude : C’est très varié : cela va de "La gestion du temps" à « Comment vivre Laudato Si ? », « Comment faire place à l’affect et à l’humain sans se faire manipuler ? », « L’autorité peut-elle se partager ? » ou encore « Peut-on être heureux au travail ?». Tout un programme !

Le MCC - Mouvement chrétien des cadres - rassemble en France 4000 cadres qui souhaitent vivre leur foi en entreprise. Le prochain Congrès du MCC qui aura lieu les 12 et 13 novembre 2016 à Aubervilliers aura pour thème : « Dans un temps qui s’accélère, donner sa place à tout l’homme et à tous les hommes ».
Il y a trois équipes MCC sur Rueil : deux qui se réunissent classiquement un soir par mois chez l’un des équipiers, et une qui se réunit à l’heure du déjeuner un jour par mois à St Maximilien Kolbe.
Il n’y a pas d’équipe sur Buzenval. Si vous souhaitez constituer ou rejoindre une équipe : cbardot@cegetel.net