N°40 - L'expérience d'un animateur d'aumônerie

Eric a 23 ans et anime depuis cinq ans une équipe à l'Aumônerie des lycées et collèges de Rueil. VDB lui a demandé ce qui l'avait poussé à accepter de prendre cette responsabilité.
 

Eric : Je pense sincèrement que l'Aumônerie a été mon "moteur de foi" lorsque j'étais plus jeune. C'est grâce aux rencontres que j'y ai faites, aux moments forts que j'y ai partagés que je me sens aujourd'hui épanoui dans ma foi et dans ma vie plus généralement. Alors, une fois le lycée terminé, je me suis dit que c'était à mon tour de me lancer et de consacrer ne serait-ce que quelques heures par semaines aux autres et surtout aux jeunes. Cela fait cinq ans que je continue en tant qu'animateur, je ne me sens pas du tout forcé de rester, je m'y sens vraiment bien et je ne vois pas pourquoi ça s'arrêterait pour le moment.

VDB : Avais-tu accepté des responsabilités avant – délégué de classe, scouts, Conseil municipal des jeunes ou autres ?

Eric : J'ai fait 8 ans de scoutisme à Rueil, des louveteaux jusqu'aux scouts, sans avoir réellement l’impression de m’engager. J'y ai vécu des moments formidables mais je dois avouer que ce n'était pas vraiment une démarche spirituelle, plus pour les activités et les amis. A côté de ça, j’ai toujours été engagé dans divers projets artistiques, c’est ce qui me prend le plus de temps aujourd’hui.

VDB : Comment as-tu vécu ces diverses responsabilités ? T’es-tu senti accueilli, encouragé, soutenu, ou au contraire ignoré, voire mis de côté par les adultes ?

Eric : Pour prendre l’exemple de l’aumônerie, nos responsables de niveau et les responsables de l’aumônerie font tout pour nous mettre en confiance. Bien sûr, on se sent un peu perdu les premières séances, mais d’une manière générale, on peut toujours compter sur les « adultes » pour nous soutenir dès qu’il y a un problème. D’où l’importance de se réunir régulièrement, de partager sur nos expériences et d’essayer de s’inspirer pourquoi pas de ce qui est fait ailleurs. Sinon, je ne peux pas dire que le fait de m’être engagé auprès des jeunes et des responsables m’ait rajouté trop de poids sur les épaules. Honnêtement, avec le temps, je trouve cela de plus en plus simple à gérer.

VDB :Y a-t-il des choses que tu aurais souhaité démarrer et qui n’ont pas pu se faire parce qu’on s’y est opposé, ou qu’on a trouvé de bonnes raisons pour ne pas donner suite ?

Eric : Oui et non. Il y a deux ans, nous avions émis le souhait d’organiser un second week-end pour les lycéens de l’aumônerie car nous étions dans une année « sans FRAT* » pour eux, et donc forcément une année moins propice à la création d’un esprit fort de communauté. Les jeunes étaient très motivés par le projet. Mais dans un premier temps les responsables s’y sont opposés car ils trouvaient que cette démarche manquait de fond et qu’il ne fallait pas que cela se transforme en colonie de vacances. Au final, on a réussi à trouver un compromis pour intégrer une démarche spirituelle et de réflexion à ce temps et le week-end a pu se faire.

VDB : Les institutions – l’aumônerie, les scouts, ou l’Église - te semblent-elles favoriser une prise de responsabilité par les jeunes ? Diffèrent-elles en cela des institutions civiles ?

Eric : Je ne pense vraiment pas que la démarche de l’engagement soit différente si elle a un caractère religieux. Pour moi certaines institutions civiles font du bon boulot pour inciter les citoyens à donner de leur temps aux autres. Le plus, je trouve, des institutions religieuses, c’est de s’adresser à une communauté plus restreinte et forcément plus réceptive du message communiqué.
 

VDB : Comment vois-tu ton avenir ? Dans quoi souhaites-tu t’engager? 

Eric: Pour l’instant, je n’imagine pas continuer ma petite vie de mon côté. Mais j’avoue que je ne me suis pas encore posé la question de la forme concrète que prendront mes engagements plus tard. Pourquoi pas intégrer l’équipe diocésaine d’organisation du FRAT*? Ça fait un moment que je me pose la question.

*FRAT: "Fraternel"; rassemblement des jeunes des aumôneries de France