N°42 - Mon pèlerinage au Mont St Michel

Michel Oblin, est-ce parce que vous êtes normand que vous avez eu l’idée de ce pèlerinage au Mont St Michel l’an dernier ?

MO : Oui et non : je voulais me tester et m’entraîner en vue du pèlerinage à St Jacques de Compostelle. Alors autant le faire en allant vers le Mont St Michel : je connais bien cette région, où j’ai de nombreuses attaches. Ce pèlerinage est aujourd’hui moins fréquenté que St Jacques, alors qu’il a été jusqu’à la Révolution un des plus courus d’Europe. Mais il commence à renaître.

VDB : Combien de temps avez-vous mis ?

MO : Je suis parti de Caen – on peut aussi partir de Rouen – et j’ai mis douze jours à faire les 200 km qui séparent Caen du Mont. Ce qui fait des étapes journalières de 15 à 25 km.

VDB : S’il n’est pas aussi couru que St Jacques, est-il facile à organiser ?

MO : Oui : il y a une association - les Chemins du Mont St Michel* – à Vire qui édite un manuel du « Miquelot », ainsi que des fiches journalières très bien faites, avec l’itinéraire, les gîtes et tous les lieux à visiter. L’itinéraire est fléché, et on ne peut pas se perdre.

VDB – En dehors de votre préparation à St Jacques, quelles étaient vos motivations pour ce pèlerinage ?

MO : J’avais besoin de solitude – je suis parti seul - et d’associer une action physique et une démarche spirituelle.

VDB – Et qu’y avez-vous trouvé ?

MO : De grandes joies ! Ce chemin permet d’abord de jeter un regard neuf sur la Création, dans ses moindres petits détails, qui échappent habituellement au citadin pressé que nous sommes : la rosée dans l’herbe au petit matin, la rencontre avec des animaux sauvages, oiseaux ou insectes, et de contempler l’œuvre de Dieu dans celle des hommes : les paysages sont magnifiques.

VDB – Avez-vous fait des rencontres ?

MO : Oui, bien sûr, et parmi celles-ci, beaucoup d’inattendues, qui sont comme autant de petits clins d’œil que m’a faits la Providence. Par exemple j’ai retrouvé au Carmel de St Sever des religieuses qui étaient parties autrefois pour le Honduras. Quelle ne fut pas leur surprise quand je leur ai dit que j’avais assisté à leur messe de départ à Vire, il y a... 40 ans ! J’ai aussi pu renouer le contact avec des gens que j’ai connus il y a bien longtemps et que je n’avais jamais revus. Ces petits clin d’œil, j’en ai eu presque chaque jour !

VDB – Etes-vous arrivé différent de ce que vous étiez en partant ?

MO : C’est certain ! On ne passe pas ainsi presque deux semaines à contempler, à prier, à méditer sans en être profondément transformé. Et cela culmine avec la traversée des grèves dans l’eau, depuis Genêts jusqu’au Mont , le matin, avec le soleil levant qui éclaire le Mont : c’est une expérience inoubliable !

VDB : Vous nous donnez envie de partir, nous aussi !

* www.lescheminsdumontsaintmichel.com