N°47 - Un cadre chrétien dans sa vie professionnelle

Visages de Buzenval : Alain-Marie, vous travaillez dans une grande entreprise. Vie professionnelle et foi chrétienne doivent-elles rester distinctes ou peuvent-elles interférer ?

A-M: Elles sont distinctes mais non séparées. Il y a une unité de vie. La pratique de mon métier et celle de ma foi influent l'une sur l'autre. Pour moi, l'expérience de la miséricorde est très importante dans ma vie professionnelle. J'ai découvert peu à peu l'importance que l'exercice de ma conscience peut avoir sur mon attitude vis-à-vis des autres, pour aborder les problèmes, régler des difficultés, reconnaître aussi mes propres erreurs. C'est essentiel pour créer de la confiance. La miséricorde qui nourrit ma foi influe sur toute ma personne, et a donc un impact direct dans ma vie professionnelle.

VdB : C'est ce qui vous conduit essentiellement ?

A-M : Pas seulement ; reconnaître que chacun a un devoir d'état est également essentiel en tant que tel. J'ai le mien, celui de mon poste dans l'entreprise, les autres ont le leur et j'ai à le respecter. J'ai un devoir de reconnaître, et donc de respecter, autant le devoir d'état professionnel de ma hiérarchie que celui de toute autre personne avec qui j'ai affaire, par exemple dans une négociation avec des représentants du personnel, ou une relation individuelle même difficile (licenciement...). Chacun a son rôle et son devoir d'état (professionnel et non professionnel), je dois les respecter dans ma façon, d'informer, d'associer... Cela implique pour moi une exigence de vérité dans la relation. Il y a dans la rencontre avec une personne une dimension sacrée, de même que la foi est une rencontre avec le Christ.

VdB : Est-ce que vous êtes reconnu comme chrétien ?

A-M: Oui je pense, mais j'espère que c'est plus par des comportements positifs que je le laisse deviner que par des paroles. Mes comportements négatifs peuvent aussi choquer ou décourager l'autre. Un jour, je n'ai pu être facilement disponible à un appel de mon responsable et je lui ai expliqué ensuite que c'était parce que je faisais une retraite. Il a eu une réaction très positive, pleine de respect.

VdB : Est-ce que vous rencontrez parfois des propos critiques, voire agressifs sur l'Église, sur les chrétiens ? Et dans ce cas, quelle est votre attitude ?

A-M: J'ai eu très rarement l'occasion de faire face à des propos volontairement agressifs. L'essentiel est de se comporter comme quelqu'un avec qui on peut parler. Et j'ai le sentiment qu'on respecte ma foi.

VdB : Votre foi vous met-elle éventuellement en difficulté lors de certaines prises de décisions ? ,
A-M : Je n'ai heureusement pas eu à appliquer de décisions contraires à ma conscience. Ma responsabilité est aussi d'éclairer suffisamment une décision auprès de ceux qui ont à la prendre.

VdB : Des groupes extérieurs ou mouvements — type action catholique ou autre -peuvent-ils être une aide pour vivre sa foi en milieu de travail. ? Les connaissez-vous et en faites-vous partie ?

A-M : Oui ne pas rester seul est important. Je connais le MCC (Mouvement Chrétien des Cadres) ou Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC). Je n'y ai pas participé jusqu'à présent. J'ai fait l'expérience de rencontres avec des religieux que je connais bien et avec qui je peux réfléchir et dialoguer sur ma vie de foi. Je participe à des rencontres à Notre-Dame de Pentecôte à la Défense.