N°40 - VDB a lu : Jean-Claude GUILLEBAUD: Une autre vie est possible

VDB a lu :
Jean-Claude GUILLEBAUD: Une autre vie est possible - L’Iconoclaste - 14€

Guillebaud nous a habitués aux coups de gueule salutaires. Cette fois, il part en guerre contre la désespérance : la vieille Europe est minée par un pessi-misme qui risque de la conduire au déclin et à la ruine, car il est « autoréalisateur ». La cause est entendue : la raison de ce désen-chantement, ce sont les «30 piteuses» qui ont succédé aux «30 glorieuses » de l’après-guerre. Le choc pétrolier, la fin des idéologies qui promettaient « des lendemains qui chantent », la montée inexorable du chômage, le libéralisme sans limites avec son corollaire - la désindustrialisation : tout concourt depuis près de 40 ans à entretenir une sinistrose qui nous conduit à l’abîme. Même le rêve européen, cet élan incroyable qui a poussé les peuples de la vielle Europe à s’unir après des siècles de conflits, ce rêve a sombré dans le « chacun pour soi ». Le contraste est d’autant plus marquant avec les pays émergents, où les conditions de vie sont encore très loin des nôtres, mais où dominent l’optimisme, l’initiative et l’attente d’un monde meilleur.
Et pourtant, nous dit Guillebaud, de petites flammes d’espérance sont là, assoupies, qui ne demandent qu’à être réveillées, encouragées. Il cite pêle-mêle le réveil écologique, l’altermondialisme, la révolution numérique, la mondialisation qui rapproche les peuples, et la révolution génétique. Même si ces nouvelles pistes ne sont pas exemptes de contradictions et de dangers. Mais surtout, pour que grandissent et s’épanouissent ces jeunes pousses, il faut que meure un monde ancien qui a fait faillite et n’est plus porteur d’aucune espérance : le monde de la financiarisation de l’économie, du gaspillage, du consumérisme, du marché-roi, qui a conduit au pillage des ressources de la planète, à l’accroissement des inégalités et à la fin des solidarités.
Un livre qui nous pousse à l’espérance, à l’action, à reprendre en mains notre destin. Mais qui ne nous livre pas les clés de l’avenir : c’est à nous, c’est aux jeunes, de les inventer. Mais en auront-ils la force et l’envie ?

Claude Bardot