VDB n°31 - Samira, cigale et fourmi

VDB  : Bonjour Samira ! Je pense que vous pourriez commencer par vous présenter.
Samira : J’ai 34 ans , je suis mariée avec deux enfants de 3 et 7 ans. Je suis préparatrice en pharmacie depuis 15 ans. Par ailleurs , je suis arrivée du Maroc pour m’installer à Rueil-Malmaison en 1982. Je suis musulmane pratiquante.
VDB : Je vous propose d’aborder le thème de l’argent ; qu’est ce que ce mot évoque  immédiatement chez vous ?
Samira : L’argent est nécessaire pour vivre, se nourrir mais il ne faut pas lui donner une importance trop grande. Il ne faut pas y être trop attaché.
VDB : On dit de manière courante que l’argent ne fait pas le bonheur. Etes-vous d’accord avec cette affirmation ?
Samira : Oui , tout à fait ! Le bonheur , c’est ce qui est donné aux autres , c’est ce qui vient de son cœur. L’argent n’est pas un don personnel. Mais on peut tout de même dire qu’un peu d’argent peut contribuer au bonheur, ou en tout cas à rendre plus heureux.
VDB : Est-ce que vous admirez les gens qui réussissent bien et qui gagnent ainsi beaucoup d’argent ?
Samira : Je ne souhaite pas juger les autres. Je ne les envie pas ni ne les jalouse. S’ils ont mérité cette ascension ou leur réussite , pourquoi pas ?
VDB : Est-ce que vous pensez que lorsqu’on a de l’argent , il faut le partager ?
Samira : Pour moi le partage est très important. Il me permet de ne jamais oublier d’où je viens. Je n’ai pas moi-même trop souffert de la misère mais je ne la supporte pas autour de moi et, lorsque je reviens au Maroc, il m’arrive de souffrir lorsque parfois je la rencontre. Si je peux alors partager directement avec ceux qui manquent de tout, alors c’est bien ! Sinon il y a des associations humanitaires.
VDB : Que pensez-vous des quêteurs et mendiants du RER ou du métro ?
Samira : Je n’aime pas trop leur donner d’argent car si c’est pour qu’il se fassent du mal avec, ce serait mauvais pour eux.
VDB : Lorsque vous avez un peu d’argent d’avance , êtes-vous plutôt « cigale ou fourmi » ?
Samira : Un peu cigale, mais raisonnablement. Je dépense alors surtout pour mes enfants. Je suis plutôt fourmi lorsqu’il s’agit de moi !
VDB : Que pensez-vous des jeux d’argent (loto, PMU, Casino) ?
Samira : Je suis absolument contre . C’est interdit dans ma religion. L’argent qui n’est pas gagné « à la sueur de son front » , qui n’est pas la contrepartie d’un travail, est de l’argent non mérité.
VDB : Croyez-vous que l’argent puisse être un danger pour la bonne entente familiale ?
Samira : Oui un gros danger…  Par exemple au moment des successions. Je pense que les parents doivent faire le nécessaire pour répartir avant de « partir ». Je n’aime pas les conflits d’argent ; je préfère, dans ce cas , donner ma part.
VDB : Donnez-vous un peu d’argent de poche à vos enfants ?
Samira : Non , je ne veux pas qu’ils apprennent  la notion de « l’argent facile ». Par contre, je peux leur donner facilement de l’argent lorsqu’ils ont un objectif précis. Je suis contente de leur faire plaisir dans certains cas mais il ne faut pas que les cadeaux deviennent une habitude.
VDB : Ressentez-vous directement dans votre famille le poids de la crise financière internationale ?
Samira : Oui , nous ressentons des difficultés plus grande dans la vie de tous les jours . Notre budget est plus tendu.
VDB : Merci beaucoup, Samira !