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11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 17:09

En 2003 une femme meurt peu avant l'arrivée à St Jacques ; elle terminait, avec son mari, cette longue route de recherche de soi, de l'autre, de Dieu. VDB a interrogé sa belle fille qu'on nommera Véro.


VDB : Pourquoi êtes-vous partie en famille sur les chemins de St Jacques ?


Véro : Ma belle-mère est décédée dans une des dernières étapes de sa marche vers St Jacques. Elle avait 66 ans. Lors de son enterrement, mon mari et sa sœur ont décidé de repartir à sa suite pour terminer l'étape. Quelques années plus tard, ce vœu s'est concrétisé, trois générations (de 10 à 75 ans) sont parties ensemble, non pas d'un des traditionnels départs comme Le Puy ou Vézelay, mais depuis la maison familiale en Bretagne pour rejoindre un des chemins de St Jacques. Pas de coquille sur la route, mais le même esprit qui conduit à marcher pour se retrouver en famille à certains moments, seul à d'autre, pour admirer la création et, d'étapes en étapes faire corps avec ceux et celles qui ont déjà fait le chemin.


VDB : Comment avez-vous choisi vos étapes ?


Véro : Nous avons préparé cette route en téléphonant aux syndicats d'initiative et aux curés des villes et paroisses qui nous semblaient pouvoir être des lieux d'étape. Nous avions emporté une toile de tente et nos sacs étaient sans doute plus lourd que ceux qui pélerinent sur le chemin traditionnel. Chacun portait selon sa force ! Partout nous avons reçu un bon accueil, chez l'habitant, dans des jardins ou dans des campings. Nous avons rencontré au hasard des chemins d'autres personnes cherchant à vivre une expérience similaire : je me souviens en particulier d'une jeune femme qui marchait sur la route des 3 caps "Finistère", celui d'Angleterre, le Breton et elle se dirigeait à ce moment vers celui de St Jacques. Elle voyageait seule et nous avons fait quelques étapes ensemble jusqu'à St Jean d'Angély...


VDB : Un autre souvenir de cette route ?


Véro : Oui ! Sur notre route, le ravitaillement n'était pas aussi "programmé" que sur les chemins traditionnels vers St Jacques. Nous nous sommes retrouvés un dimanche à cours de nourriture. Le lundi matin nous avons dû repartir le ventre vide. Pas facile de marcher quand on n'a rien dans le ventre. On se rend compte de sa vulnérabilité, de sa dépendance aux autres. Il est alors plus difficile de marcher ensemble, de décider de faire un détour dans l'espoir de trouver une boutique ouverte... Mais quelle renaissance, après un repas frugal servi hors de toute carte, dans un petit café accueillant ! On est alors sensible à la moindre chose qui fait plaisir et qui permet de repartir.


VDB : Qu’est ce que ce pèlerinage vous a apporté ?


Véro : Il faudrait le demander à chacun de nous, ce n'est pas pareil pour tous. Pour moi, je dirai que cela a été une superbe occasion de contact entre parents et enfants : j'ai encore dans les yeux la belle image de mon dernier fils de 10 ans donnant la main à son père et marchant, avec lui, une centaine de mètres devant moi. Ils ont sans doute partagé pendant cette marche plus facilement qu'ils ne l'avaient jamais fait, peut-être avec des mots, peut-être en silence. C'est la photo de fond d'écran de mon téléphone portable !

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